« Le fonds de roulement est essentiel au bon fonctionnement d’une entreprise », a constaté Pascale Switten après le redémarrage du détaillant Cameleon. Elle partagera également son opinion sur le rôle du curateur en cas de faillite lors de la RetailDetail Night.
La meilleure école
Une philosophie circulaire était au cœur du concept de vente au détail avec lequel la chaîne de magasins d’usine privée Cameleon a redémarré fin 2020. Avec de nouvelles initiatives durables autour de l’occasion, de la décoration et de l’alimentation, le détaillant a pris un départ prometteur, en parfaite adéquation avec les tendances de consommation actuelles. Pourtant, en mai de cette année, l’entreprise a dû se résigner à la faillite, en raison de problèmes de trésorerie et d’un bail arrivant à expiration.
« La plus grande leçon que j’ai tirée de cette expérience est que le fonds de roulement est essentiel au bon fonctionnement d’une entreprise », explique l’ancienne PDG Pascale Switten. « C’était notre plus gros problème, outre les loyers trop élevés. Les années qui ont suivi la crise du coronavirus n’ont pas été faciles, avec la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie… Pendant un an et demi, nous avons cherché des solutions, mais nous n’avons pas réussi. Je suis néanmoins fière que nous ayons continué à nous battre jusqu’au dernier moment. »
« J’ai 28 ans d’expérience dans le commerce de détail, notamment dans les achats, mais les cinq dernières années en tant que PDG ont été pour moi la meilleure école. On essaie de faire de son mieux, on doit apprendre de ses erreurs. Tomber et se relever. La résilience dont j’ai fait preuve m’a moi-même étonnée. Je m’en servirai pour relever les prochains défis. »
Offre de rachat rejetée
Selon Switten, le concept de Cameleon était tout à fait viable. La première année, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires et des bénéfices satisfaisants. Mais comme les investisseurs ne se sont pas manifestés et que le propriétaire de l’un des deux magasins a continué à poser des exigences élevées, la situation est devenue difficile. En février, le tribunal a approuvé une demande de réorganisation judiciaire. Une offre de rachat a été rejetée par le curateur parce qu’elle était jugée trop basse. Le 2 mai, l’entreprise a été déclarée en faillite.
« Au final, il s’agissait d’un déficit de 200 000 euros. Faites le calcul : un chômeur coûte 40 000 euros par an à l’État. Pour nos 24 employés, cela représentait 80 000 euros par mois. En plus de cela, le fonds de fermeture a dû indemniser ces personnes, dont beaucoup avaient une longue ancienneté. Au final, l’État a donc dû débourser beaucoup plus. » Elle trouve cela amer : « Aux Pays-Bas, la curatelle est très différente : la priorité est de donner une seconde chance à l’entreprise. Chez nous, le curateur touche une commission sur l’argent qu’il récupère, et le reste sert à payer les créanciers. Ce n’est pas normal. »
L’échec comme moment d’apprentissage
Pascale Switten témoignera de son expérience avec Cameleon dans le programme préliminaire « Fail forward » lors de la RetailDetail Night, le 20 novembre. Un séminaire sur l’échec comme moment d’apprentissage : après tout, l’échec ne doit pas nécessairement être une expérience négative, il peut être une source d’inspiration pour la croissance et le développement.
Également présents sur scène cet après-midi-là : Mark MJ Vandevelde, qui parlera du parcours de la marque de baskets durables Komrads, Stijn Martens, qui présentera le premier supermarché en ligne flamand Hopr, et Alain Hellebaut, le manager qui a réalisé un redémarrage partiel de Maxi Toys, avec cinq leçons sous la devise « Les crises sont inévitables, mais le chaos est un choix. »


